Monsieur Didier DESCHAMPS, actuel directeur
du Centre Chorégraphique National - Ballet de Lorraine
a été cité par le SYNEA (Syndicat National
des Entreprises Artistiques) devant le Tribunal de Grande
Instance de Paris, siègeant en matière correctionnelle
pour répondre des chefs de prise illégale
dintérêt et doctroi davantage
injustifié.
Laffaire a été plaidée
le 22 mai 2001. La décision a été mise
en délibéré et le jugement rendu le
3 juillet 2001.
Le
Tribunal de Grande Instance de Paris a suivi les réquisitions
du Procureur de la République qui a invoqué
lirrecevabilité du SYNEA à intervenir
sur le terrain de la prise illégale dintérêt
pour défaut dintérêt à
agir.
Cette position fait que le Tribunal na
pas répondu sur les questions de fond soulevées
par le SYNEA, lesquelles restent donc toujours en suspens.
Monsieur DESCHAMPS qui demandait notamment la
condamnation du SYNEA à 100 000 F de dommages intérêt
pour réparation de son préjudice moral a été
débouté de toutes ses demandes.
Le SYNEA a fait appel de cette décision qui revient
pour être plaidée devant la Cour dappel
de Paris le 31 Janvier 2003. Cette audience ne sera consacrée
qu'aux questions de procédure.
Daprès le syndicat, il semble en
effet que Monsieur Didier Deschamps aurait, en sa qualité
de délégué à la danse au ministère
de la culture, puis de conseiller à la danse de la
nouvelle direction du théâtre, de la musique,
de la danse et des spectacles, participé au processus
de financement du Centre Chorégraphique National
de Lorraine qui est une association selon la loi de 1901,
donc une entreprise privée, sans respecter les procédures
de mise en concurrence et dappel doffre qui
doivent normalement être appliquées aux marchés
publics et délégations de service public.
Le SYNEA reproche également à
Monsieur Didier DESCHAMPS linfraction de prise illégale
dintérêt, qui désigne le fait
pour un fonctionnaire, de prendre un intérêt
dans une entreprise dont il avait la charge de surveillance
ou le contrôle, et cela durant une période
de cinq années.
Selon le SYNEA, Monsieur Didier DESCHAMPS aurait
assuré en sa qualité de délégué
à la danse, la tutelle du CCN de Loraine et naurait
donc pas dû accepter le poste de directeur général
de ce ballet.
Cest sans doute la première fois
quun Tribunal aura à connaître des mécanismes
de financement des centres chorégraphiques nationaux
et des pratiques de nomination des fonctionnaires du ministère
à la tête dentreprises de spectacles
privées quils contrôlent et financent.
En effet, un certain nombre de hauts fonctionnaires
ou danciens hauts fonctionnaires du ministère
de la culture seraient dans la même situation que
Monsieur Didier DESCHAMPS et le Synea est décidé
à agir en vue dimposer le respect de létat
de droit dans la culture. Le SYNEA envisage dautres
actions du même type pour les mois prochains.
Nous naurions pas publié cette
information sans la décision du 2 octobre 2000 de
la Cour Européenne des Droits de lHomme (1),
qui vient de décider que la réglementation
française qui interdit la publication de toute information
relative à des constitutions de partie civile était
contraire à larticle 10 de la convention européenne
des Droits de lHomme qui garantit la liberté
de la presse et de linformation.
Nous avons donc décidé de publier
la citation directe
devant le Tribunal délivrée par le SYNEA et
le bordereau des pièces
du dossier.
Nous avons bien entendu contacté Monsieur
Didier DESCHAMPS par lintermédiaire de son
avocat, il ne souhaite pas faire de commentaire pour le
moment et nous a cependant indiqué qu'il ne réserverait
sans doute pas ses informations à "La Lettre
de Nodula".
Nous avons également sollicité
le Ministère de la Culture afin de connaître
sa position, Madame Elisabeth Normand, responsable du service
de presse, et qui était visiblement au courant du
dossier, nous a indiqué qu'il sagissait dune
" affaire privée " entre personnes
privées et que le ministère ne ferait aucun
commentaire tant qu'une décision de justice ne serait
pas rendue...
(1) CEDH, 3 octobre 2000, Requête n° 34000/96,
affaire Du Roy et Malaurie C/France.
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