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Chaque
mois, l'essentiel de l'actualité du droit et de la
gestion de la création artistique |
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EDITO
DE JUIN 2000 |
Paiement
des photographes
Le
statut des photographes est complexe et lutilisation
dun mode de paiement peut savérer périlleux
pour lentreprise qui y procède. En effet, en
droit français, on ne choisit pas son statut. Cest
la réunion concrète des éléments
relatifs aux conditions de déroulement dune prestation
qui en détermine le régime social et non la
réalisation formelle de tel ou tel document, pas plus
que linscription dans tel ou tel régime, si les
conditions réelles de lactivité ne coïncident
pas avec celles pour lesquelles le statut choisi existe. Le
présent article ne traite que la question du photographe
résident fiscal français.
Le paiement de la commande des photos
La
forme du paiement dépendra du statut du photographe.
Le photographe salarié
Le
paiement dun photographe peut dabord relever du
droit du travail si celui-ci a la qualité de journaliste
professionnel et que la commande est effectuée par
une entreprise de presse. Cest larticle L. 761-1
du Code du travail qui définit le journaliste professionnel
comme celui qui a pour occupation principale, régulière
et rétribuée lexercice de sa profession
dans une ou plusieurs publications quotidiennes ou périodiques
ou dans une ou plusieurs agences de presse et qui en tire
le principal de ses ressources.
Cet
article précise que les reporters photographes sont
assimilés aux journalistes professionnels.
Surtout, cet article énonce que toute convention
par laquelle une entreprise de presse sassure moyennant
rémunération , le concours dun journaliste
professionnel (
) est présumée être
un contrat de travail. Cette présomption subsiste quel
que soit le montant et le mode de rémunération
ainsi que la qualification donnée à la convention
par les parties.
La
réalisation de photos par un photographe journaliste
professionnel pour le compte dune entreprise de presse
relève donc du droit du travail.
LAgessa (1) considère également, quindépendamment
de ce cas de figure, si le photographe, même non journaliste
professionnel, intervient dans le cadre dun service
organisé ou dans une situation de subordination, il
est également nécessaire de le salarier. Cette
position fait cependant lobjet de contestations et nous
semble manquer de base légale, larticle L 382-
1 du Code de la sécurité sociale venant justement
créer un aménagement pour les auteurs de laffiliation
au régime général de sécurité
sociale des salariés.
Le photographe commerçant ou artisan
Le
photographe peut avoir le statut de commerçant ou dartisan.
Cela concerne le photographe dont les revenus émanent
moins de son travail intellectuel, que de la de la mise en
uvre de moyens matériels et humains. Ainsi, du
photographe qui a des assistants salariés, un studio
de prise de vue, un magasin etc..
Il
émettra alors une facture mentionnant ses numéros
dimmatriculation au registre du commerce ou au répertoire
des métiers. Le photographe sacquittera alors
lui-même de ses charges sociales. Si le coût des
prestations réalisées dépasse 20 000 F
par an, il est vivement recommandé de procéder
aux vérifications contractuelles obligatoires, cest-à-dire
à la vérification de limmatriculation
du photographe auprès de lURSSAF et de la recette
des impôts.
Il peut être exonéré de TVA au titre de
la franchise en base au même titre que toute entreprise
de prestations de service si son chiffre daffaires est
inférieur à 175.000 F.
Le photographe auteur indépendant
Il
peut alors être payé en droits dauteur
et reverser les cotisations à lAgessa (1). Cela
concerne :
- les photographes journalistes professionnels pour lexploitation
de leurs uvres photographiques en dehors de la presse.
Il faut alors sassurer de la possession par le journaliste
de la qualité de journaliste professionnel. Cela peut
résulter de la possession de la carte de journaliste
professionnel, mais pas uniquement.
- les auteurs duvres photographiques non journalistes
professionnels qui tirent de leur activité, directement
ou par lintermédiaire dagences de quelque
nature quelles soient, des droits dauteur soumis
au régime fiscal des bénéfices non commerciaux
et qui exercent leur activité depuis au moins trois
années civiles (2).
Cela
concerne notamment les photographes dart, les photographes
de modes qui ne travaillent pas principalement pour la presse
(dans ce dernier cas, ils peuvent alors avoir la qualité
de journaliste professionnel).
Il
est nécessaire que ces photographes soient fiscalement
soumis au régime des bénéfices non commerciaux.
Ils ont alors un numéro de SIRET et un code APE. Il
est donc nécessaire soit :
- de vérifier que ces photographes sont bien immatriculés
à lURSSAF (rares) et/ou sont bien soumis au régime
fiscal des BNC. Leur recette des impôts leur délivre
alors une attestation en faisant foi ;
- quils disposent de lattestation S 2062 valable
pour lannée en cours, ce qui signifie quils
paient eux-mêmes leurs charges sociales à lAGESSA.
Les
photographes qui exercent depuis moins de trois années
ne sont dans les faits soumis à aucune obligation au
terme de lassurance maladie.
Dans
les faits, il est souvent compliqué de vérifier
que le photographe a bien les trois années dexercice
lui permettant de bénéficier du régime
de sécurité sociale des auteurs. Cest
la raison pour laquelle de nombreux photographes abandonnent
en fait leur statut de photographe et optent pour celui de
plasticien. Cela est désormais possible puisque de
nombreux photographes revendiquent la qualité de plasticien
du fait que les photos sont numérisées et retravaillées
sur ordinateur, ce qui ne les distingue plus des plasticiens
travaillant selon les mêmes techniques. Ils relèvent
alors de la Maison des Artistes et non de lAgessa,
et ne sont plus soumis à cette condition de trois années
dexercice de lactivité. Ce mécanisme
est facilité par le fait que larticle 71 de lannexe
III du Code général des impôts, auquel
renvoie larticle R. 382-2 du Code de la sécurité
sociale venant limiter laccès des plasticiens
à la sécurité sociale des auteurs nexiste
plus !!
Les droits dexploitation secondaires
Sils
sont versés à des photographes ayant un statut
de commerçant ou dartisan, ou à un agent
ayant lui aussi ce statut, ils doivent alors être payés
sur facture et ne peuvent être payés en droits
dauteur, ces photographes relevant alors en principe
du régime fiscal des bénéfices Industriels
et commerciaux. Cela nempêche pas de veiller à
se faire correctement céder les droits dauteur
conformément aux dispositions du Code de la Propriété
Intellectuelle.
Sils
sont versés à des photographes journalistes
professionnels et quaucun accord collectif de branche
ne vient les traiter comme des salaires, ils peuvent être
payés en droits dauteur.
Sils
sont versés à des photographes non journalistes
professionnels, ils ne peuvent être versés en
droits dauteur que si celui-ci est soumis au régime
fiscal des bénéfices non commerciaux et justifie
de trois années dancienneté.
Dans
la pratique, lAgessa nest pas très regardante
et accepte des entreprises les cotisations de toutes sortes
de photographes non journalistes professionnels sans forcément
vérifier quils sont bien soumis au régime
fiscal des BNC. Ce nest quen cas de demande daffiliation
des auteurs photographes quun réel contrôle
de statut est effectué. Laffiliation
permet au photographe davoir une couverture sociale
et de percevoir ses droits aux prestations au titre de lassurance
maladie en sa qualité dauteur. Il sacquittera
alors en sus des cotisations maladie-maternité-veuvage,
de la cotisations vieillesse et de la retraite complémentaire
reversée à la CREA (3).
(1) Association pour la gestion de la sécurité
sociale des auteurs : 21 bis rue de Bruxelles 75439 PARIS
Cedex 09, Tél : 01 48 78 25 00 .
(2) Art R 382.1 du Code de la sécurité sociale.
(3) Caisse de Retraite de lEnseignement et des Arts
Appliqués 21 rue de Berri 75008 PARIS, Tél
: 01 44 95 68 30. |
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