La presse ne parlant que de la position de l'INRAP, nous
avons quant à nous choisi de donner la parole aux
rares professionnels qui continuent à braver le monopole
étatique créé par la loi du 17 janvier
2001 sur l'archéologie préventive.
Rappelons que le parlement en diminuant de 25 % les crédits
de l'Institut National de la Recherche Archéologique
Préventive a mis en danger l'économie de cet
organisme.
Si un certain nombre de salariés sont effectivement
en danger, ils ont tout le loisir de se retourner contre
les responsables de cette situation, et ils sont un certain
nombre au sein du ministère de la culture ou à
la direction de l'INRAP à encourir des sanctions
pénales. Cet argument social ne saurait justifier
le maintien en l'État d'une situation qui met en
danger la sauvegarde de notre patrimoine archéologique
et qui est contraire à la liberté de circulation
des idées et de la recherche culturelle et scientifique,
laquelle ne saurait être l'apanage exclusif d'un monopole
d'État.
Quand on arrête un trafiquant de drogue, doit-on
se préoccuper du sort de son personnel qui a accepté
de développer une activité contraire à
l'intérêt national et gravement délictuelle
!
(Communiqué
du Syndicat National des Professionnels et Bénévoles
de l'Archéologie du 23 janvier 2003)
Il n'y a pas que
l'INRAP dans la vie... archéologique
UNE
VÉRITABLE REFORME
DE lARCHÉOLOGIE PRÉVENTIVE
SANS OSTRACISME
Depuis le vote de la loi du 17 janvier 2001 portant réforme
sur larchéologie préventive, en application
depuis le 19 janvier 2002 (décrets), cette discipline
est monopolisée par lInstitut national de recherches
archéologiques préventives (I.N.R.A.P.) en
lieu et place de lex A.F.A.N. (sondages, diagnostics,
sauvetages). Comme vous le savez, les débats ont
donné lieu, tant à lAssemblée
Nationale quau Sénat, à une nette opposition
entre la Droite et la Gauche, le Sénat souhaitant
la création dun E.P.I.C. Désormais,
cet établissement perçoit et utilise à
cet effet une redevance payée par les aménageurs.
Ces derniers (publics ou privés) nont plus
le choix de lintervenant. Seules les collectivités
territoriales dotées de véritables services
pourront être exonérées, dans la mesure
où ces dernières auront lagrément
(très contraignant et dune durée de
validité limitée) de lÉtat (S.R.A.
au sein des D.R.A.C.).
De ce fait, depuis près dun an, nombre de professionnels
(200 environs), salariés dans des associations, pourtant
conventionnées avec des collectivités, ou
dans des sociétés privées reconnues,
ainsi que 7000 bénévoles, soit 80 structures
représentant un chiffre daffaire de 20 millions
de francs, ont été écartés de
leur activité. Cest une véritable catastrophe
sur le plan de la sauvegarde et de la connaissance des territoires.
Certes le gouvernement Jospin avait prévu dans la
loi (article 4) que lI.N.RA.P. " peut faire
appel, par voie de convention, à dautres personnes
morales, françaises ou étrangère, dotées
de services de recherche archéologique ".
Mais cela ne sest pas concrétisé dans
les faits : les réunions que nous avons eu, à
lépoque, avec la sous-direction de lArchéologie,
la direction du Patrimoine et la direction de lA.F.A.N.
puis de lI.N.R.A.P. ne nous avaient laissé
que peu despoirs. La redevance ne suffisant pas actuellement
à financer lI.N.R.A.P., cet établissement
est encore moins enclin à partager !
Par ailleurs, nombre de dysfonctionnements ont été
constatés depuis la rentrée en vigueur de
ce nouveau système. Les sites sont bien souvent fouillés
en fonction des rentrées de la redevance et pas toujours
sur des critères scientifiques. Bref on préfère
souvent casser plutôt que sauvegarder ou laisser fouiller
par des archéologues locaux : cest la politique
du pire. Quant aux publications des fouilles préventives,
soit disant possibles grâce à la nouvelle loi
et annoncées haut et fort lors des débats,
elles sont tout aussi peu nombreuses que sous légide
de lex A.F.A.N. Cest tout juste si les responsables
dopération de lI.N.R.A.P. ont le temps
de rédiger leurs rapports. Mieux, si on se livre
à un dépouillement des diverses revues ont
se rend bien souvent compte que plus de 80 % des contributions
sont luvre darchéologues nappartenant
pas à lI.N.R.A.P.
Cet ostracisme à légard des autres acteurs
de larchéologie est dautant plus insupportable,
quil nest pas basé sur les compétences
comme cétait le cas auparavant, mais sur le
seul fait dappartenir ou non à lI.N.R.A.P.
Ainsi cet établissement public se voit confier la
réalisation détudes archéologiques
du bâti alors que la loi du 17 janvier 2001 na
pas pris en compte ce type détude (ce qui est
fort regrettable en soi) et que dautres structures
sont compétentes pour les réaliser. On a ainsi
écarté de leur discipline des archéologues
à part entière, salariés ou bénévoles
dassociations ou de sociétés, aux compétences
pourtant hier reconnues...
Dans le même temps le gouvernement précédent,
a crée, sans aucun concours, 1200 à 1400 postes
à lI.N.R.AP., tous réservés aux
seuls salariés de lex A.F.A.N. ! On est, dans
le cas présent, bien loin de légalité
des " citoyens - archéologues " devant
la loi républicaine. Nous navons donc pas eu
dautre solution, pour continuer à exercer notre
discipline, que dintenter des recours auprès
de la Cour Européenne de Justice et du Conseil dÉtat.
En outre, les dépouillements des fouilles réalisées
en France, sur la base des informations publiées
par lÉtat (Bilan Scientifiques régionaux)
nous ont montré que lex A.F.A.N. réalisait
à peine 50 % (30 % dans certaines régions)
des opérations. Sur de telles bases on a bien du
mal à comprendre comment le Ministère de la
Culture, sous le gouvernement précédent, est
arrivé à justifier 98% du chiffre daffaires.
Le financement, par le biais dune redevance, fonctionne
mal et savère lui aussi, dans bien des cas
injuste et mal compris des aménageurs et des élus
de terrain, doù les remises en cause adoptées
récemment, dans lurgence, par lAssemblée
Nationale et le Sénat.
Bref, on a finalement réglé par cette loi
que le problème social de lex A.F.A.N., au
détriment de tous les autres acteurs de la discipline,
mais absolument pas celui de larchéologie préventive
dans son ensemble et dans sa pluralité. Le seul intérêt
de cette loi est davoir enfin doté les services
de lÉtat (D.R.A.C.) dun véritable
cadre juridique. Cest lunique point positif
à retenir.
Aussi, le Syndicat National des Professionnels et des Bénévoles
de lArchéologie (S.N.P.B.A.), vient de proposer
au Ministère de la culture des amendements de cette
loi injuste et partisane.
A savoir :
Supprimer le monopole dintervention de lI.N.R.A.P.,
tant pour la réalisation des diagnostics que pour
celle des fouilles, comme dans bien des pays de lUnion
Européenne (en le transformant en E.P.I.C. par exemple
comme le B.R.G.M.), tout en renforçant le contrôle
régalien assuré aujourdhui par lÉtat
(DRAC) et en augmentant de manière substantielle
les moyens des S.R.A.. Dans la nouvelle loi on a confondu
le contrôle de lÉtat (DRAC), que nul
ne conteste, et la réalisation des fouilles dont
le monopole par un établissement public ne simpose
nullement. Revoir le financement (redevance) et le remplacer
partiellement par une taxe parafiscale gérée
par lÉtat et non plus par lI.N.R.A.P.,
pour plus de transparence. Ce système serait, en
outre, bien plus juste pour les aménageurs dans la
mesure où le patrimoine archéologique est
un bien commun qui concerne lensemble de notre société.
En outre, le maintien pour une autre partie du financement
de la fouille par laménageur est nécessaire
pour sensibiliser ce dernier à la sauvegarde du patrimoine
archéologique. Prévoir une formule dagrément
ou de qualification (par lÉtat et les C.I.R.A.
et non par lI.N.R.A.P.) des associations (salariés
et bénévoles) et des bureaux détudes
basée sur : - les compétences scientifiques
ou lexpérience des archéologues,
- les capacités techniques et matérielles
de ces structures à prendre en charge des opérations
dun certain volume (outillage informatique, topographique,
logistique de chantier, formation en sécurité
de chantier, etc.),
- leur indépendance totale vis-à-vis daménageurs
(hormis les collectivités territoriales) et dentreprises
du B.T.P.
En outre, les structures agrées, conventionnées
et / ou financées par des collectivités territoriales,
pourraient être assimilées à des services
et donneraient donc droit à lexonération
de la redevance si cette dernière devait être
maintenue.
Prévoir dans les C.I.R.A., le Conseil dAdministration
et le Conseil Scientifique de lI.N.R.A.P., si ce dernier
reste un établissement public doté dun
monopole, des places pour les archéologues que notre
syndicat représentent (salariés ou bénévoles
dassociations, de sociétés privés),
là aussi en fonction des compétences et dans
un souci de représentativité de lensemble
des acteurs de larchéologie nationale. En effet,
ce nest pas un des moindres paradoxes que de voir
les bénévoles représentés, hier
dans les C.I.R.A. par les membres de lex A.F.A.N,
aujourdhui par les salariés de lI.N.R.A.P.
! Quant aux 200 salariés des associations et des
sociétés privés, ils ne sont pas du
tout représentés même si nombre dentres
eux sont tout aussi reconnus scientifiquement, par leurs
travaux ou publications, que leurs collègues de lI.N.R.A.P.,
du C.N.R.S., de la Culture, de lUniversité
ou des Collectivités territoriales. Prévoir
une enveloppe budgétaire pour les fouilles de sauvetage
urgent, échappant à la procédure de
larchéologie préventive (et donc à
son financement), mais relevant tout de même de la
loi de 1941. On éviterait ainsi, lorsque les permis
de travaux ont été délivrés
par les services de lÉtat, des sources de conflits
avec les aménageurs et la réalisation de fouilles,
parfois très importantes pour la connaissance, sans
moyens. Une partie de la redevance ou dune taxe parafiscale
pourrait être prévue à cet effet. Retirer
à lI.N.R.A.P. son rôle de perception
de la redevance ou de toute autre taxe liée à
larchéologie. Il est en effet scandaleux que
létablissement public soit à la fois
maître duvre des fouilles, prestataire
de service et collecteur des fonds.
À terme, les mesures que nous proposons permettraient,
comme avant la loi du 17 janvier 2001, une mise en concurrence
scientifique des divers intervenants possibles. Les C.I.R.A.,
sur saisi des services régionaux de larchéologie
(D.R.A.C.), se prononceraient sur la qualité des
dossiers. Et si, en plus, lopérateur le plus
qualifié est moins cher tant mieux pour les deniers
de laménageur ou de lEtat !
Dans les faits, comme auparavant, les grosses interventions
(autoroutes, lignes TGV, gros projets immobiliers, Z.A.,
etc.) pourraient être réalisées par
lI.N.R.A.P., seule structure actuellement capable
de mobiliser les moyens nécessaires. Par contre,
pour les opérations plus modestes, les services de
collectivités, les salariés et les bénévoles
des associations, les bureaux détudes, au fort
enracinement local, seront plus à même de répondre
rapidement et efficacement, pour un coût forcément
moindre, à une archéologie territoriale de
proximité et de qualité, délaissée
actuellement par lI.N.R.A.P. car non " rentable
" au regard de la redevance. Ces mesures contribueraient
à une sauvegarde et une promotion accrues de notre
patrimoine pour le plus grand bénéfice de
tous.
Enfin, nous souhaitons que notre syndicat soit associé
aux modifications, à court ou moyen terme, de la
loi du 17 janvier 2001 en tant quinterlocuteur reconnu
par une part importante des archéologues nationaux.
Nous pensons tout particulièrement à la mise
en place dun dispositif dagrément à
laquelle nous voulons contribuer.
Syndicat National des Professionnels et des Bénévoles
de lArchéologie
(S.N.P.B.A.)
77, rue de Soubise
59 140 DUNKERQUE
Tél. : 03 / 28 / 24 / 20 / 37
Fax : 03 / 28 / 25 / 18 / 64
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