Chaque
mois, nous sélectionnons un article que nous mettons
en ligne.
Cet article a été publié au numéro
157 de Juillet 2006 dans la rubrique "Les réponses
des ministres aux questions des parlementaires".
Nous opérons une sélection de ces questions
au journal officiel et en réalisons un commentaire
lorsque cela se justifie.
Question
. M. Jean-Claude Mathis souhaite attirer lattention
de M. le ministre de la culture et de la communication
sur la nécessaire adaptation du décret n°
53-1253 du 19 décembre 1953 relatif à
lorganisation des spectacles amateurs et leurs rapports
avec les entreprises de spectacles professionnelles .
En effet, la pratique artistique amateur est trop souvent
mise en danger pour des raisons budgétaires par
les dispositions du code du travail relatives au travail
dissimulé. Il lui demande par conséquent
de bien vouloir lui indiquer quelles mesures il entend
prendre pour soutenir les pratiques artistiques des amateurs
dans ce cadre.
Réponse. (1) -
Lhonorable parlementaire a souhaité connaître
les mesures que le ministère chargé de la
culture envisage de mettre en uvre pour adapter
le décret n° 53-1253 du 19 décembre
1953 relatif a lorganisation des spectacles amateurs
et leurs rapports avec les entreprises de spectacles professionnelles,
afin de soutenir les pratiques artistiques des amateurs.
Dans le cadre de la politique de soutien au spectacle
vivant, le ministre chargé de la culture souhaite
redonner une place centrale au soutien aux pratiques des
amateurs. En effet, lenjeu de ces pratiques est
considérable en termes daccès à
la culture, de démocratisation, délargissement
des publics, comme en termes demplois. Parmi les
mesures préparées figure un avant-projet
de loi, actuellement soumis à concertation, qui
vise à clarifier les conditions de la présence
des amateurs sur scène pour éviter les risques
de concurrence avec les professionnels tout en favorisant
la rencontre des amateurs avec le public. Le texte prévoit
de distinguer la situation de lartiste amateur sur
scène selon le caractère lucratif ou non
lucratif du spectacle auquel il participe. Lamateur
sera rémunéré sil intervient
dans un cadre lucratif et ne le sera pas dans les autres
cas. Toutefois, le texte prévoit dintroduire
une possibilité non autorisée à ce
jour, celle daccueillir des amateurs non rémunérés
dans des spectacles à caractère lucratif
a condition que leur présence sur scène
sinscrive dans le cadre dun projet de formation
organisé par un entrepreneur bénéficiant
dun agrément.
Commentaire : ce qui est tout de même
étonnant dans ce débat, cest que daprès
le ministère de la culture, il serait nécessaire
quun texte intervienne pour distinguer la situation
de lartiste amateur selon le caractère lucratif
ou non lucratif de lactivité, alors que cela
correspond exactement au droit actuel et aux dispositions
de larticle L. 324-10 du code du travail. Il ne
nous semble donc aucunement nécessaire de réglementer,
il suffirait de faire appliquer les textes existants.
En rajoutant encore un niveau de texte, le ministère
continue à rendre la situation plus opaque. Par
contre lagrément prévu par le projet
de loi nous semble des plus dangereux pour ce quil
reste de secteur concurrentiel et indépendant dans
le spectacle français, puisquil autorisera
ladministration et ceux qui collaborent avec elle
à se dispenser de lapplication du droit sur
critères qui seront sans doute une fois de plus
déterminés par une commission auprès
de laquelle il sera nécessaire de faire sa cour
et et dentretenir de « bonnes »
relations.
Le caractère lucratif ou non lucratif de lactivité
nous semble en effet suffisant, et il ny a aucune
raison de créer un nouvel agrément, il suffirait
par ailleurs dautoriser les spectacles des écoles
bénéficiant déjà par ailleurs
dun agrément au titre de lenseignement
et/ou des diplômes quelles délivrent
et dautoriser les spectacles des autres écoles
et travailleurs indépendant dans un certaine limite
de représentations annuelles ou de chiffre daffaires.
Il est également quelque peu incohérent
dobliger les écoles à salarier les
enfants lorsque cela oblige les écoles à
faire payer davantage de frais de scolarité aux
parents, ce qui est la situation actuelle de certaines
écoles denseignement artistique.
Il faudrait sans doute également oser remettre
en question la présomption de salariat des artistes
et créer un tribunal spécialisé dans
le domaine artistique, ainsi que cela existe au Canada.
En effet, lorsque vous expliquez à un juriste moyen
quune association selon la loi de 1901 nest
pas forcément à but lucratif, il est rare
quil vous croit. Faire comprendre ce type de situation
à un conseiller prudhomal relève par
contre de lexploit. Si lon veut clarifier
la situation, ce nest peut être pas en rajoutant
encore à la complexité des textes, mais
en créant un tribunal spécialisé
qui soit à même de les comprendre.
Cette démarche qui a été choisie
au civil par la création dune chambre spécialisée
pour la propriété intellectuelle (droit
dauteur, marques, brevet) et dont lextension
de la compétence sur le plan national est envisagé,
pourrait utilement être étendue au droit
social pour lensemble des secteurs du spectacle.
Cela existe dailleurs pour les marins qui ne relèvent
pas des conseils des prudhommes.
(1) Q AN 25 juillet 2006, p. 7902.Barèmes
déposés le 11 avril 2006.
Droit de reproduction à usage commercial et professionnel
réservé.
Droit de reprographie aux ins de vente, de location, de
publicité et de promotion réservés
(Loi du 3 janvier 1995f)
© Nodula 2006