| Chaque 
                      mois, nous sélectionnons un article que nous mettons 
                      en ligne.
 Cet article a été publié au numéro 
                      155 de Mai 2006 dans la rubrique "Les réponses 
                      des ministres aux questions des parlementaires". 
                      Nous opérons une sélection de ces questions 
                      au journal officiel et en réalisons un commentaire 
                      lorsque cela se justifie.
 
 Question. - M. Didier Mathus appelle lattention 
                      de M. le ministre de léconomie, des finances 
                      et de lindustrie sur la nouvelle limite des dépenses 
                      dacquisition de spectacles payables par lintermédiaire 
                      dun régisseur davances à 10 000 
                      euros. En effet, le décret n° 2005-1601 du 19 
                      décembre 2005 paru au Journal officiel du 12 décembre 
                      2005 pose un certain nombre de problèmes aux théâtres 
                      de ville. Il empêche notamment les directeurs de ces 
                      théâtres dacheter des spectacles de variétés, 
                      qui généralement exigent dêtre 
                      payés le soir du spectacle. Les sociétés 
                      organisatrices de ces spectacles relèvent de la gestion 
                      privée et ne sont pas prêtes à accorder 
                      un délai de paiement. En outre, pour acheter des 
                      spectacles supérieurs à 10 000 euros, 
                      les villes seront contraintes de procéder au versement 
                      daccomptes, ce qui est contraire à la législation 
                      qui exige le paiement dune prestation après 
                      que celle-ci soit effectuée. Il lui demande donc 
                      dintervenir pour que ce décret soit abrogé, 
                      permettant ainsi la survie de compagnies qui ne pourront 
                      continuer à exister si elles sont confrontées 
                      à de tels problèmes de trésorerie.
 
 Réponse. (1) - Le 
                      décret n° 2005-1601 du 19 décembre 2005 
                      et larrêté du 19 décembre 2005, 
                      dans leurs dispositions relatives aux conditions de paiement 
                      dacquisitions de spectacles par des régisseurs 
                      davances, rencontrent des difficultés de mise 
                      en uvre depuis leur date dentrée en vigueur, 
                      le 1er mars 2006. Le plafond de 10 000 euros fixé 
                      par larrêté du 19 décembre 2005 
                      semble insuffisant pour répondre aux besoins des 
                      entreprises de spectacles dêtre réglées 
                      de la totalité de leurs prestations, le plus souvent 
                      dun montant nettement supérieur, le soir même 
                      de la représentation. En raison de la fragilité 
                      financière des entreprises du secteur, leur règlement 
                      par une procédure classique (mandatement puis virement), 
                      avec des délais de paiement des collectivités 
                      locales compris entre 28 et 35 jours, est de nature à 
                      les mettre en difficulté. Pour répondre à 
                      ces préoccupations, une concertation approfondie 
                      avec le ministère de la culture et de la communication 
                      et les organisations professionnelles du secteur sera mise 
                      en uvre très rapidement en vue de déterminer 
                      les modalités de paiement les plus adaptées 
                      (règlement direct dans le cadre dune régie 
                      davances, avec éventuellement le relèvement 
                      du plafond, ou mandatement classique, avec virement rapide 
                      et sécurisé). Parallèlement, les demandes 
                      de dérogation qui seront présentées 
                      par des professionnels du spectacle seront examinées 
                      avec bienveillance, tant par les trésoriers-payeurs 
                      généraux amenés à émettre 
                      un avis sur ces dossiers que par les services de la direction 
                      générale de la comptabilité publique 
                      chargés de les instruire.
 
 Commentaire. - Si les modalités de 
                      paiement des spectacles de ville ne sont pas en phase avec 
                      les dispositions relatives à la comptabilité 
                      publique, cest aussi parce que le mode de paiement 
                      revendiqué par lhonorable parlementaire nest 
                      peut être pas totalement légal.
 
 Un théâtre de ville, quil sagisse 
                      dune régie directe ou dune régie 
                      intéressée doit en principe respecter en ce 
                      qui concerne lachat des spectacles, les règles 
                      des marchés publics et faire un appel doffre 
                      pour lensemble de sa saison.
 Larticle 1er du code des marchés publics énonce 
                      que les marchés publics sont les contrats conclus 
                      à titre onéreux avec des personnes publiques 
                      ou privées par les personnes morales de droit public 
                      mentionnées, pour répondre à leurs 
                      besoins en matière de travaux, de fournitures ou 
                      de services.
 
 Larticle 3 du code des marchés publics énonce 
                      que les dispositions quil organise ne sont pas applicables aux 
                      contrats conclus entre une des personnes publiques assujetties 
                      aux règles des marchés public et un cocontractant 
                      sur lequel elle exerce un contrôle comparable à 
                      celui quelle exerce sur ses propres services et qui 
                      réalise lessentiel de ses activités 
                      pour elle à condition que, même si ce cocontractant 
                      nest pas une des personnes publiques soumise au code 
                      des marchés publics, il applique, pour répondre 
                      à ses besoins propres, les règles de passation 
                      des marchés prévues par ce code ;
 
 Cela signifie que si le théâtre de ville nest 
                      pas dans ses relations avec la collectivité locale, 
                      soumis au code des marchés publics, il doit lui-même 
                      appliquer les règles de mise en concurrence et de 
                      transparence des procédures organisées par 
                      le code.
 
 Or, dans le cadre du règlement dun marché 
                      public et du contrat conclu dans le cadre de cette procédure 
                      avec le prestataire, il est tout à fait possible 
                      de prévoir des modalités des règlements 
                      qui permettent aux producteurs de spectacle de payer les 
                      artistes le soir du spectacle. De plus, les contrats conclus 
                      dans le respect des règles des marchés publics 
                      peuvent faire lobjet dun escompte auprès 
                      des banques dans le cadre de la procédure dit  Loi 
                      Dailly .
 Effectivement, si les règles de la comptabilité 
                      publique ne sont pas adaptées aux mécanismes 
                      commerciaux du spectacle, cest quil ne relève 
                      pas de la mission fondamentale de ladministration 
                      de faire du commerce.
 
 (1) QAN du 16 mai 2006 page 5185.
 Droit 
                      de reproduction à usage commercial et professionnel 
                      réservé.
 Droit de reprographie aux fins de vente, de location, de 
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                      (Loi du 3 janvier 1995)
 
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