Chaque
mois, nous sélectionnons un article que nous mettons
en ligne.
Cet article a été publié au numéro
154 de Avril 2006.
La loi du 31 mars 2006 (1) impulsée
par la surmédiatisation des récentes manifestations
de stagiaires, réglemente les stages en entreprise
et réduit sensiblement les possibilités de
recours à cette pratique (2).
Le recours à des stagiaires non conventionné
avec un établissement denseignement est supprimé.
Larticle 9 de cette loi, non inséré
au code du travail, (cela aurait été trop
simple) énonce en effet que les stages
en entreprises font lobjet dune convention entre
le stagiaire, lentreprise daccueil et létablissement
denseignement . Un décret viendra
préciser cette question et les modalités de
cette convention. Il nous semble cependant possible dès
ce mois davril 2006, de faire des économies
de charges sociales en appliquant les nouvelles dispositions
que nous vous présentons ci-après.
Signature de la convention
Lexistence dune convention étant désormais
un élément obligatoire, les entreprises ont
le plus grand intérêt à ne pas faire
travailler le stagiaire avant que la signature ne soit effectivement
signée par les trois parties au contrat. Le stagiaire
qui sera en mesure de prouver quil a commencer à
travailler alors que la convention nétait pas
signée pourrait en effet revendiquer un contrat de
travail à durée indéterminée,
lequel naurait même pas de période dessai,
puisque conclu verbalement.
Une durée maximum de 6 mois.
La loi dispose que ces stages, à lexception
de ceux qui sont intégrés dans un cursus pédagogique,
ont une durée initiale ou cumulée, en cas
de renouvellement qui ne peut excéder six mois.
La gratification
La rémunération accordée au stagiaire
est nommée gratification. Lorsque la durée
du stage est supérieure à trois mois, la loi
limpose. Le montant de celle-ci peut-être fixé
par convention de branche ou par accord professionnel étendu
ou, par défaut, par décret. Cette gratification
na pas le caractère dun salaire.
Traitement social de la gratification :
diminution des charges
Cela est suffisamment rare pour que nous le soulignons,
mais il nest pas certain que les rédacteurs
du texte laient compris.
La loi crée un nouvel article intégré
au code de la sécurité sociale (article L.
242-4-1.), qui précise que la fraction de la gratification
versée au stagiaire, en espèce ou en nature,
qui nexcède pas chaque mois, un montant qui
sera fixé par décret nest pas soumis
au paiement des cotisations dassurances sociales,
daccident du travail et dallocation familiale.
Cette question était jusquà présent
réglementé par un arrêté du 11
janvier 978 (3). Cest désormais
la loi qui organise cette question, sans abroger ces textes
de nature réglementaire, et renvoie à un futur
décret qui devrait sans doute les abroger.
Ces textes qui semblent encore en vigueur prévoyaient
que jusquà concurrence de 30 % (stages obligatoires)
ou de 25 % (stages non obligatoires) du SMIC, la gratification
nétait pas soumise à charge sociales,
sous réserve que létablissement denseignement
prenne en charge la cotisation daccident du travail.
Si la gratification, à laquelle sajoute les
avantages en nature non identiques à ceux des salariés,
était supérieure à ces seuils, cétait
la totalité de la gratification qui était
soumis à charges URSSAF.
La loi nouvelle permet donc une économie de charges,
puisque seul le montant dépassant la gratification
est soumis à charges et cette disposition a désormais
un fondement législatif.
Nous reviendrons sur cette question dès que le décret
sera publié. Cependant, les arrêtés
actuellement appliqués par lURSSAF nous semblent
contraires à la loi depuis le 2 avril 2006 et il
semble possible dès maintenant de soustraire du montant
des sommes soumises à cotisations la part de gratification
inférieures à 30 ou 25 % du SMIC au 1er janvier
de lannée considérée.
Cotisation
daccident du travail
La loi nouvelle modifie larticle L.412-8 du code de
la sécurité sociale et soumet à la
réglementation des accidents du travail (4)
les personnes qui effectuent un stage non obligatoire dans
un organisme public ou privé, un stage dinitiation
de formation, ou de complément de formation professionnelle
ne faisant pas lobjet dun contrat de travail
et nentrant pas dans le champ de la formation professionnelle
continue.
Stages obligatoires
La convention doit alors contenir la mention suivante :
«létudiant bénéficie
de la législation sur les accidents de travail, en
application de larticle L. 412-8, 2° b dudit code.»
Stages non obligatoires
Le stagiaire est alors couvert contre les risques daccident
du travail et de trajet. Lorganisme de formation et
lÉducation Nationale pour les établissements
relevant de lenseignement public sacquittent
de la cotisation accident du travail.
Quant aux cotisations Retraites et ASSEDIC, elles ne seront
dues que si le stage peut sanalyser en un véritable
contrat de travail, avec existence dun réel
lien de subordination, ce qui sera désormais quasiment
impossible à rapporter si le stage respecte les dispositions
légales (convention avec un établissement
denseignement).
En cas de contentieux sur le paiement de la gratification,
le litige ne relèvera pas des prudhommes, les
contentieux seront du domaine du juge de proximité,
du tribunal dinstance ou de grande instance, en fonction
du montant du litige.
Roland LIENHARDT
Avocat au Barreau de Paris
(1) Article 9 de la loi n° 2006-396
du 31 mars 2006 pour légalité des chances,
Jo du 2 avril 2006.
(2) Cette nouvelle réglementation
ne concerne ni les stagiaires relevant de la formation professionnelle,
ni ceux relevant de larticle L. 211-1 du code du travail
(élèves de lenseignement général
en séquences dobservation, élèves
des enseignements alternés ou de lenseignement
professionnel en stage dinitiation, dapplication
ou en périodes de formation).
(3) Arrêté relatif à
lassiette des cotisations de sécurité
sociale dues au titre des travailleurs non rémunérés
en espèce, article 2, modifié par un arrêté
du 9 décembre 1986.
(4) À lexception des dispositions
relatives au versement dune indemnité en capital
prévues à larticle L. 434-1 du code
de la sécurité sociale.
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