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Chaque mois, l'essentiel de l'actualité du droit et de la gestion de la création artistique
  
Chapitre VIII
La décentralisation cache-sexe du
tentaculaire


Les établissements de la décentralisation culturelle : quand l'État se dissimule derrière des statuts privés qui lui sont normalement interdits et qui devraient être gravement sanctionnés.

Les associations présentées dans le chapitre IV avaient une activité à dominante administrative qui devrait normalement être exercée directement par l’administration ou des établis-sements publics administratifs.

Les entreprises décrites dans ce chapitre relèvent quant à elles d’une activité à dominante commerciale. Il s’agit en général d’associations, mais parfois aussi de sociétés commerciales fictives (SA ou SARL).

Quand André MALRAUX a créé les maisons de la culture, sur une inspiration politique, jamais aucune loi n'est venue organiser leur statut. Certains de ses successeurs, moins vision-naires que lui mais plus opportunistes ont exploité la brèche ainsi ouverte. Loin de revoir la personnalité juridique de ces organismes subventionnés dont les budgets n'apparaissent pas distinctement dans les comptes de l'État, ils s'en sont servi au contraire comme une sorte de caisse noire qui leur a permis de devenir les maîtres du jeu. Par ce canal, ils ont pu notamment dispenser et dépenser l’argent public comme bon leur a semblé en dehors de tout contrôle.

En droit, si l'État entend développer un service public de la culture, il a à sa disposition deux façons d’intervenir. Soit il se charge lui-même de cette mission : les organismes de la décentralisation culturelle devraient alors être organisés en établissements publics industriels et commerciaux, comme le sont les théâtres nationaux, (Colline, Odéon, Strasbourg, Chaillot, l’Europe, TEP), ou d’autres grands établissements culturels (l'Établissement public de la Villette – l’Opéra de Paris) qui sont soumis directement au contrôle de l'État et de ses représentants par le biais du vote du budget au Parlement. Soit l'État n’entend pas assurer la gestion de ces établissements : il devrait alors les confier à des entreprises privées dans le cadre d’appels d’offres publics permettant une concurrence loyale. Il convient de plus d’avoir à l’esprit que l’État doit également respecter la réglementation sur la concurrence et ne pas fausser les marchés.
L'État a d’ailleurs un contrôle autrement plus pertinent dans le cadre d’une concession qui est contractualisée et qui comprend un cahier des charges que dans le cadre d’une association dont le directeur salarié fait ce qu’il veut sans être responsable. L'État et les collectivités locales peuvent même alors subventionner les concessionnaires. La grande différence, c’est que les concessionnaires restent seuls responsables de leur gestion.

Des solutions simples et immédiatement applicables existent dans tous les cas de figures, mais elles n'intéressent tout simplement pas les petits barons qui utilisent la culture comme le porte-voix de leur carrière politique ou administrative et qui se satisfont tout-à-fait de la situation actuelle puisque les tribunaux ne viennent jamais les sanctionner.

Ainsi, tous ces établissements censés répondre à un souci de décentralisation sont en fait les relais régionaux d'une mainmise tentaculaire du ministère sur l’ensemble des institutions subventionnées. Quelques fonctionnaires et contractuels parisiens se donnent ainsi droit de vie ou de mort sur les carrières artistiques. Hors d’eux, point de salut, à moins d'avoir les moyens de se passer de leur aide et de surmonter surtout tous les obstacles que ces fonctionnaires mettront sur le chemin de ceux qui osent prétendre exister en dehors de leur sérail. Autant dire que les débutants comme les tenants de démarches exigeantes qui ne s'adressent pas directement au marché n'ont pratiquement aucune chance de s'en sortir. S'ils refusent la protection du ministère, ils risquent de tomber sous celle d'un élu.

Quand il y a phagocytage, il n'y a pas de renouvellement. Ce sont les mêmes personnes qui se partagent depuis des années les postes, les crédits, les opportunités, les privilèges attenants aux fonctions et qui se donnent les moyens de tuer dans l'œuf les projets qui leur échappent, les initiatives qui pourraient menacer leur position, alors même que ces dernières ne sont en général pas du tout habitées par ce genre de motivation.

La majorité des emplois artistiques aujourd'hui en France dépend des subventions. Par ce biais, le ministère dirige tout. Les artistes lui sont souvent redevables de leurs subsides quand ce n'est pas de leur statut. En revanche, là où au contraire, il devrait exercer un contrôle, il laisse aller à vau-l'eau. Alors que le ministère de la culture a un réel pouvoir pour intervenir dans la gestion de ses institutions relais, il ne s'en donne ni les moyens, ni les compétences. C'est donc qu'il n'en a pas envie. Seule la politique culturelle et l'ascendant sur les artistes l'intéressent. Pour le reste, le budget de l'État finira bien par y pourvoir.


L'État refile le bébé aux administrations déconcentrées des régions

Le ministère de la culture a même désormais l'occasion de se décharger sur les administrations régionales de cette responsabilité qui l'expose et qui l'ennuie. Au 1er janvier 1998 une réforme globale des moyens d'intervention de l'État est entrée en application . À compter de cette date nombre de responsabilités qui relevaient de l'État ont été transférées à l'autorité déconcentrée compétente, en particulier en matière budgétaire. Cette déconcentration permet au ministère de la culture de déléguer des tâches de gestion aux directions régionales des affaires culturelles. Il les laisse se dépêtrer avec ces questions, pendant que l'administration centrale garde la baguette de chef d'orchestre.

L’exemple du ballet " national " de Marseille - Centre Chorégraphique National (CCN)

Nous avons choisi à titre d'exemple de décrire la situation du ballet national de Marseille Roland PETIT qui illustre bien les abus tant juridiques que financiers d'une telle structure dont nous ne discuterons pas la qualité artistique intrinsèque.

Roland PETIT, directeur du ballet national de Marseille et de l’école nationale supérieure de danse, qui lui est rattachée, a annoncé le 2 décembre 1997 qu’il quittait ses fonctions. " Résolument libre et impulsif ", il souhaite tenter d’autres expériences, notamment à la télévision. Roland PETIT et Marseille, c’est une histoire d’amour qui dure depuis 25 ans, aussi beaucoup s’étonnent de le voir annoncer si légèrement ce changement d’activité alors que notamment l’internat qu’il demandait depuis si longtemps pour son école de danse est enfin chose acquise.

En plus du départ de Roland PETIT, le ballet voit la démission du maire de ses fonctions de président du ballet, au moment où, coïncidence, la chambre régionale des comptes vient de publier un rapport sur la gestion de ce prestigieux établissement.

En réalité, si Roland PETIT a démissionné du ballet en tant que directeur artistique, il y demeure en tant que chorégraphe. Son seul vrai départ, c’est celui de sa résidence fiscale. Roland PETIT quitte Marseille pour Genève laissant derrière lui une association qui continue à gérer une mission de service public en dehors de tout cadre légal. Du reste, la convention conclue le 21 septembre 1990 entre la ville et le ballet est arrivée à échéance le 30 juin 1996, et n’avait toujours pas été renouvelée en juin 1997 ...

Avec un conseil d’administration intégralement composé de membres de droits désignés par les instances qui financent le ballet ; on découvre donc qu'il s'agit d'une association administrative transparente qui pourrait être déclarée nulle en vertu de la loi de 1901.

Cela semble être la vraie raison de la démission de Jean-Claude GAUDIN, pourtant président de droit de cette association.

La Chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte d’Azur nous éclaire sur ce que cachent les centres chorégraphiques nationaux. Il n'est pas question d'accabler Roland PETIT ou d’en faire un bouc émissaire, les errements que le rapport dénonce sont ceux d'un artiste dont la gestion n'est ni assistée, ni encadrée par les autorités de tutelle qui prodiguent l'argent public en masse dans la seule direction des institutions prestigieuses, celles qui rapportent du pouvoir et de l'image au lieu de jouer leur rôle de promoteur, d'initiateur, de mentor de l'expression culturelle régionale.

Marie–Claude PIETRAGALLA, qui vient d’être nommée par le ministère de la culture pour prendre la direction du ballet national de Marseille, a ainsi annoncé qu’elle entendait continuer à présenter le répertoire de la compagnie, c’est-à-dire les ballets créés par Roland PETIT depuis 25 ans. Roland PETIT, mécontent de voir que son candidat n’a pas été choisi a immédiatement annoncé qu’il reprenait son répertoire. Cette démarche est effectivement possible puisqu’il n’y a sans doute jamais eu de contrat entre Roland PETIT et le ballet. Pourtant, ce répertoire, créé avec les moyens du service public dans le cade d’une mission de service public n’appartient pas à Roland PETIT, mais à l’État français. Le ministère de la culture qui a pourtant les moyens juridiques d’intervenir pour faire respecter sa volonté, ne le fera sans doute pas, car cela remet en question tout son édifice.
Les centres chorégraphiques nationaux, dont la justification d’être est soi-disant de créer un répertoire montrent ainsi leur vraie nature.

Ces errements couverts par le ministère, on les retrouve à des degrés divers dans la quasi-totalité des structures de la décentralisation culturelle.

Le spectre de la loi Sapin plane en ce moment sur le gotha culturel auprès duquel le ministère de la culture joue le Prince du bon plaisir. Comme le pays est dirigé par un gouvernement " Mains propres " dont chaque action de ce point de vue est regardée à la loupe par la presse et par l'opinion, beaucoup de responsables sont dans une situation de panique monstre. Ils ont une peur énorme de cette loi et ne l'appliquent pas de peur de s'y brûler, de voir s’effondrer les châteaux qu'ils se sont construits sous alibi culturel. De leur côté, les élus, sentant que le vent tourne, ne veulent plus rien signer.
Nous avons listé en Annexe 8-3 les personnalités politiques et artistiques encourant des sanctions civiles et/ou pénales du fait de la " gestion " des centres chorégraphiques nationaux.


Les Centres dramatiques " nationaux "


Si les centres chorégraphiques nationaux ont tous choisi le statut associatif, les centres dramatiques nationaux sont eux structurés en société à responsabilité limitée ou en société anonyme, il sont néanmoins tout aussi fictifs et transparents et source d’une délinquance dont le maquillage tient de la caricature. Nous avons expliqué en Annexe 8-4 le fonctionnement des CDN et citons les 87 personnalités politiques de premier plan passibles d’interdiction de fonction publique du fait de leur intervention dans le fonctionnement de ces centres. On y trouve entre autre un ancien président de la république, trois anciens Premiers ministres et plusieurs dizaines de ministres anciens ou en exercice.

Les scènes " nationales "


C'est le troisième niveau d'intervention de l'État dans le domaine du spectacle vivant. Créées en 1991, les scènes nationales, réparties sur tout le territoire, sont au nombre de 61. Ce sont, pour la plupart, des associations régies par la loi de 1901. Quelques scènes nationales ont récemment fait l'objet de procédures publiques d'appel d’offres et de mise en concurrence. Cependant, la plupart de ces appels d'offres mentionnaient que les candidats devaient être en mesure de recevoir le label " scène nationale " du ministère de la culture alors que ce label n'existe pas ou n'a du moins aucune base légale. Les scènes " nationales " ont pour vocation de développer les relations avec le public et leurs programmations sont prioritairement consacrées au spectacle vivant.

Le " label " " Scène nationale " regroupe des établissements très divers historiquement appelés maison de la culture, centre d'action culturelle ou centre de développement culturel.

Le ministère de la culture co-finance les scènes nationales et en assure la tutelle en collaboration avec les collectivités locales d'implantation. Les directeurs sont agréés par le ministre de la culture et le maire. Ils sont choisis par les conseils d'administration sur la base d'un projet artistique pluriannuel. Les missions de service public qui leur sont confiées sont définies dans leurs statuts.


Les cafés-concerts

Plus proche encore de l'esprit mondain prisé par le ministère de la culture, il y a son intervention pour soutenir les " cafés concerts ". Nombre de ces entreprises sont organisées en association selon la loi de 1901. Elles sont souvent cofinancées par le ministère de la culture et les collectivités locales. Quelques-uns de ces cafés-concerts ont fait l'objet de procédures régulières d'appels d’offres, ainsi de la Ville du Havre en novembre 1997. D'autres villes respectent la loi Sapin et demandent que le candidat soit en mesure d'obtenir le label du ministère de la culture, ce qui nous semble donc entacher ces procédures d’irrégularité puisque ce label n'a pas d'existence légale. Il est d'ailleurs aujourd’hui abandonné et remplacé par le non moins faux label " scènes de musiques actuelles ".

L'intérêt de créer ces labels en dehors de tout cadre légal, c'est bien entendu de pouvoir ainsi les octroyer en fonction de critères totalement fluctuants. C'est évidemment le relationnel qui prime, l'appartenance au réseau. C'est ainsi que les rois octroyaient les privilèges d'édition sous l'ancien régime. On n’avait aucun compte à rendre à qui que ce soit. Ce n'est vraiment pas pour rien qu'un ancien ministre aime à se comparer au roi mécène. Pourquoi pas, mais qu'est-ce que la République et la démocratie ont à voir dans tout ça !
Dans le même ordre d'idée, nous aurions pu également parler des opéras, des orchestres nationaux, des centres culturels de rencontre, des nombreux festivals financés par le ministère de la culture. Dans le domaine du spectacle vivant, le ministère de la culture contrôle ainsi plusieurs centaines d'entreprises éparpillées sur tout le territoire national. Cela lui permet de contrôler l'essentiel du marché, si l'on peut encore parler de marché.


Les Fonds Régionaux pour l’Art Contemporain (FRAC)

Créés en 1982 dans le cadre de la politique de décentralisation les FRAC, aujourd'hui au nombre de 23, sont répartis dans les régions de France métropolitaines ainsi qu'en Martinique et à la Réunion.
Les FRAC sont des structures d'acquisition et de développement de l'art contemporain. Ils ont pour mission de constituer une collection d'œuvres d'artistes contemporains dont ils assurent la gestion, l'inventaire, la conservation et la diffusion. Ils développent une politique d'aide à la création, présentent des expositions, et sont, en outre, investis d'une mission pédagogique de diffusion et de sensibilisation (expositions itinérantes, prêts aux collectivités locales, dépôts dans les musées, mise en place de centres d'art contemporain).

Ils sont financés à parité par l'État et par les régions.
Depuis leur création, ils ont constitué un patrimoine riche de 11 500 œuvres de 2 501 artistes, allant de la photographie à la sculpture monumentale. Ces œuvres sont répertoriées par le Vidéomuséum, banque de données des collections publiques d’art du XXème siècle.
Les FRAC existent sous la forme associative. Il s'agit là encore d'associations créées dans le dessein évident de contourner les règles de la comptabilité publique et de la fonction publique. Leurs dirigeants de droit ou de fait, ainsi que les responsables des collectivités locales qui les financent encourent notamment les sanctions liées à la gestion de fait, à la prise illégale d'intérêt, ou encore à l'usurpation de fonction publique. Nous n'en referons pas la liste, on retrouve partout les mêmes noms. L'examen des statuts déposés dans les préfectures montre bien qu'il s'agit d'associations administratives fictives. Le niveau d'inconscience (et/)ou de conscience de leur impunité est extrême. La plupart des FRAC sont directement présidés par les présidents de région, les bureaux sont presque exclusivement composés de fonctionnaires et d’élus, notamment les directeurs de DRAC ou les conseillers aux arts plastiques de ces mêmes DRAC, les préfets, et divers élus en principe chargés de les contrôler .


Les ADIAM (Associations Départementale pour l’Information et l’Action Musicale)

Autre exemple d'outil de maillage de l'emprise centralisatrice, au niveau départemental, les ADIAM. Ces associations ont été mises en place à l’initiative du ministère de la culture afin d’impliquer les conseils généraux dans l’action culturelle.

Leur directeur est donc le responsable de l’action culturelle en matière de musique et de danse du département. Il aura également la plupart du temps une seconde casquette de délégué du ministère de la culture dans le département. Le directeur de l'ADIAM des Hauts-de-Seine, premier département de France, étant également président de l'association des directeurs d'ADIAM, il nous a semblé intéressant de l'interviewer
.

L’ADIAM 92 (Hauts de Seine)

Les statuts demandés en avril 1996 font état des dernières déclarations qui remontent au 5 mars 1980. L’association ne respecte donc pas les obligations de déclaration des associations selon la Loi de 1901. Son directeur actuel, Jacques FAVARD, également président de l’association des directeurs d’ADIAM, n’a ainsi jamais été déclaré.

Cette association n’a été créée que dans le but de détourner les règles de comptabilité publique et de la fonction publique . Elle est donc nulle et de nul effet. Son directeur relève donc de la fonction publique et n’a en principe pas le droit d’avoir d’activité commerciale. Il gère pourtant le festival Chorus qui relève incontestablement d'une activité commerciale.

Cette association peut donc sans trop de risque être qualifiée d’association transparente. Le directeur de l’ADIAM, qui dirige l’association a donc la qualité de comptable de fait et pourrait en conséquence être en situation d'usurpation de fonction publique. L’ADIAM 92 a une délégation de service public sans titre légal puisqu’il n’y a jamais eu d’appel d’offres et de mise en concurrence.
Cette association est financée à la fois par le ministère de la culture et le département des Hauts-de-Seine. Charles PASQUA, président du Conseil Général pourrait donc également être en situation de gestion de fait et de prise illégale d'intérêt impliquant une interdiction de toute fonction publique...

Il en est de même de la quasi-totalité des autres ADIAM.

L’ensemble de ces mécanismes a pour but et pour effet de permettre aux fonctionnaires du ministère de la culture et à quelques autres de chapeauter l’ensemble des moyens publics et privés mis à la disposition de la culture. Ils sont ainsi omniprésents à tous les niveaux de la " décentralisation " culturelle pour en contrôler l’utilisation.

 

© Roland LIENHARDT - 1998

 
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